Contamination au mercure : des manifestants demandent justice pour Grassy Narrows

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Des centaines de personnes, Autochtones et sympathisants, ont manifesté devant l’Assemblée législative ontarienne en appui à la Première Nation de Grassy Narrows, qui est aux prises avec une contamination des cours d’eau au mercure et de multiples problèmes de santé qui en découlent.

La Première Nation du Nord-Ouest de l’Ontario continue de demander réparation pour les déversements de mercure survenus entre 1962 et 1975, mais aussi pour les rejets d’autres produits chimiques de l’usine de papier de Dryden qui continuent, selon une étude de l’Université Western .

Un convoi est parti de la communauté pour se rendre à Toronto, s’arrêtant dans d’autres villes, comme Thunder Bay et Dryden, pendant le trajet.

Les gens de Grassy Narrows réclament la fermeture de l’usine de Dryden, des compensations et des garanties qu’il n’y aura pas d’autres industries polluantes à proximité.

Chrissy Isaacs est une organisatrice de cet événement. << Pour moi, c’était vraiment choquant d’apprendre que notre communauté était encore empoisonnée au quotidien >>, raconte-t-elle.

Née lors << du pic de la contamination >>, Mme Isaacs est en colère, après les récentes découvertes. << Les personnes qui nettoyaient la rivière ont découvert qu’il y a encore plus de produits chimiques déversés et qu’ils rendent le mercure plus mortel. >>

<< C’était comme une gifle >>, estime-t-elle. Dans la quarantaine, elle a des pertes d’équilibre qu’elle attribue << au fort taux de mercure dans [s]on système sanguin >>, détecté à sa naissance.

« L’eau c’est la vie »

Florence Osawamick, de la Première Nation de Wiikwemkoong, trouvait important de venir manifester sa solidarité et de demander justice pour les gens de Grassy Narrows. « L’eau, c’est la vie », lance la jeune femme.

« Cette crise de l’eau existe un peu partout en Ontario, au Canada et en Amérique du Nord », déplore-t-elle.

Une compensation pour le passé, mais aussi le présent

Monique Woolnough, avocate à Thunder Bay qui se décrit comme une alliée, continue de soutenir la cause de cette communauté.

<< On voit des gens qui ne sont pas tellement vieux devenir âgés beaucoup plus vite, qui souffrent de la démence ou d’alzheimer très jeunes >>, décrit-elle.

Elle estime qu’il est vital d’obtenir une compensation pour << l’empoisonnement qui continue >> et pas seulement celui du passé.

<< La communauté est tellement inspirante face à ce défi énorme. Elle continue d’être chef de file, d’inspirer non seulement les communautés autochtones, mais aussi les allochtones, de s’allier à eux et de continuer de se battre >>, ajoute-t-elle.

Que font les gouvernements?

En mai, Services aux Autochtones Canada indiquait à CBC et Radio-Canada que les travaux de construction d’une maison de soins pour les victimes de l’empoisonnement au mercure allaient débuter en juillet. Mais à la mi-septembre, la construction n’avait pas encore commencé.

<< Ce qui est arrivé aux gens de Grassy Narrows est une tragédie >>,

reconnaît la ministre des Services aux Autochtones Canada, Patty Hajdu, dans une déclaration écrite.

Aux manifestants rassemblés mercredi, elle assure : << Je vous entends et je vous vois, et mon engagement envers vous demeure inébranlable. >>

Elle évoque le financement fédéral versé ou promis à diverses installations, comme le centre de santé, le centre de soins pour les personnes qui souffrent d’intoxication au mercure et les installations pour le traitement de l’eau.

<< Tous les ordres de gouvernement doivent travailler ensemble pour améliorer la situation des peuples autochtones >>, ajoute-t-elle.

Le ministère ontarien des Affaires autochtones a pour sa part affirmé dans une déclaration écrite qu’il << prenait très au sérieux les défis auxquels sont confrontés les habitants de Grassy Narrows et de Wabaseemoong >>.

Un porte-parole a détaillé les efforts déployés et les millions dépensés pour bien mesurer l’étendue de la contamination des cours d’eau.

<< Le ministère de l’Environnement, de la Conservation et des Parcs demeure déterminé à travailler avec les Premières Nations et les intervenants pour remédier à la contamination au mercure des rivières English et Wabigoon >>, assure-t-il.